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d’œil. C’est bien la reine de l’Océan pacifique, rien ne manque à son titre, pas même la couronne, car au milieu de ses montagnes s’en élève une découpée vers sa cime comme un diadème. Le soleil, qui en ce moment dore les têtes de ses pitons, la fait briller riche et étincelante de diamants. Jamais le jour n’a été plus beau, la température plus chaudement voluptueuse, l’atmosphère plus parfumée. Tout est riant autour de nous. Cette ravissante nature est en habits de fête pour nous recevoir. La belle fille nous tend les bras.

« Les pilotes arrivent, et avec eux une foule de pirogues qui entourent le navire. Quelques hommes montent à bord avec des cocos et des oranges. Ce sont tous des hommes magnifiques, aux formes athlétiques n’excluant pas l’élégance ; leur taille est de beaucoup au-dessus de la moyenne ; l’un d’eux avait avec lui sa fille, un enfant de 12 à 14 ans, ravissante figure encadreé dans les boucles soyeuses de longs cheveux noirs…

« Nous débarquâmes sur la plage, près de la ville et nous nous dirigeâmes à pied vers Papeti, la capitale. Le terrain est d’une admirable fertilité ; les habitants disent proverbialement que «  si on plantait un homme, il prendrait racine. » — Nous vîmes de très-beaux arbres ; l’arbre à pain appelé Maivic par les naturelss ; l’Évier (Spondias Cytherea) dont le fruit fort vanté ressemble à une pomme du Canada. Ce fut Lamarck qui, le premier, classa ce bel arbre sous le nom de Cytherea. On l’a nommé depuis