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M. Dupin. — Il a eu l’indiscrétion, je dirai presque l’impudence, de me demander un soir sur le pont, si j’avais beaucoup de chemises, mais cela brusquement, effrontément, à brûle pour point, comme on demande la bourse ou la vie.

« Il y a encore avec nous un jeune hollandais qui porte quatorze lettres dans son nom, mais qui ne peut en trouver jamais que treize, en l’écrivant. »

1er  février 1851.
Îles Sandwich. Hawaï.

Ici commence la partie descriptive du voyage :

« Nous voilà arrivés ; nous sommes à Honoloulou, capitale des îles Sandwich ou Hawaï dans la langue des naturels. C’est la résidence du roi Tameahmeah iii. Je savais qu’Honoloulou était une ville déjà civilisée avec des maisons faites comme les nôtres et dont les habitants étaient habillés. Aussi, je ne comptais pas trouver des sauvages, mais y admirer dans tout son luxe la belle végétation des tropiques. Je me réjouissais déjà à la pensée de me reposer sous des arbres immenses, au feuillage sombre et laissant à peine pénétrer la lumière du jour à travers leurs rameaux. Eh bien, je me trompais ; cette nature vierge que j’avais rêvée, je ne la trouvai pas. La plaine qui entoure la ville d’Honoloulou est morne et déboisée. Il n’y a réellement d’ombre que dans les maisons. Je ne prétends pas dire pour cela que le terrain soit stérile et ne puisse rien produire ; il y a dans cette plaine, quand on l’examine en détail, des champs de