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« D., qui avait fait bâtir, dans Stockholm-Street, un petit palais où il vivait en grand seigneur et donnait l’hospitalité aux actrices, a brûlé, comme on dit, la chandelle par les deux bouts. Un beau jour tout s’est vendu à l’encan, tout jusqu’aux matelas et aux brosses à dents. — Il paraît que dans l’incendie du mois de juin, le feu commença dans son salon par un punch flambant. Il s’empressa d’écrire dans les journaux de la localité, pour éviter tout soupçon malveillant, qu’il ne faisait jamais de feu chez lui. Si le fait, dont on l’accusait tout bas, eut été prouvé, il aurait bien pu passer de l’orgie à la potence. — Ceci me rappelle que quand le comité de surveillance de San-Franciso pendait quelqu’un, et c’était souvent mérité, on vendait la corde à une piastre le pouce. Pourtant cela ne paraît pas avoir porté bonheur à bien des gens ; exemple :

« A. que j’avais connu millionnaire, tient tables de jeux ;

« B. s’est fait marchand de légumes.

« C. chante dans les cafés.

« E. est revenu des mines pour rentrer au théâtre. Il gagne maintenant cinquante piastres par représentation. C’est assez pour vivre, mais pas assez pour s’enrichir. »

Il y avait ainsi, dans les notes en question, tout un alphabet de citation ; beaucoup d’anciennes connaissances avaient fini par se ruiner dans le pays de l’or ; l’aveugle fortune n’avait favorisé que quelques autres, qui avaient fait naufrage à leur