Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
épilogue.

attrayante, enjouée, savante, spirituelle sans jamais ennuyer.

Pendant son dernier séjour à Ténériffe, Grasset a parcouru de nouveau les sites les plus remarquables de l’île ; il a encore exploré ces grands ravins qu’il connaissait déjà, il a revu ces belles forêts vierges dont il ne reste plus que des lambeaux, et il a déploré les ravages que n’a pas su empêcher une administration peu soucieuse de l’avenir, car, tout comme moi, il a pu comparer cette végétation forestière, aujourd’hui en décadence et réduite à quelques vieux arbres décrépits ou à des bois taillis clair-semés, aux frais ombrages sous lesquels nous nous reposâmes ensemble, il y a vingt-quatre ans : et pourtant, à cette époque, ces forêts étaient déjà bien éclaircies. Aussi suis-je entièrement de l’opinion de mon ami que j’ai vu retourner un jour d’une de ses excursions aux bois de Las Mercedes tout à fait désenchanté et ne pouvant cacher la triste impression que venait de lui faire l’aspect de ce site jadis si beau, si frais, si ombreux et maintenant presque anéanti. « Quelques années encore, me disait-il, et Ténériffe manquera d’eau pour boire ; La Laguna et Sainte-Croix n’en recevront plus une goutte en été et les