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de voyage.

voyions était comme notre propre famille ; elle ne nous était plus étrangère, c’étaient nos amis, nos compatriotes, il y avait entre nous une sorte de lien de parenté. Oh ! l’on n’éprouve pas souvent de ces bonheurs-là ! » —

Après cette dernière note, écrite avec le cœur ; sur ses émotions en revoyant sa patrie, Arthur Grasset termine son Journal, quelques jours après son arrivée à Dijon, par une lettre à un de ses compagnons de voyage, dans laquelle se réflètent ses sentiments d’affection, pour sa famille, son humour et tous ses bons instincts naturels. Je reproduis ici ces quelques lignes tracées à la hâte et avec le plus naïf abandon :

« Mon bon Ami,
Retour à Dijon.

« Je suis entouré de soins paternels et des plus tendres : l’affection que mon père me portait semble avoir doublé ; maman est aussi bien qu’il est possible de l’être après une aussi forte secousse ; ma grand’mère et toujours bonne, excellente, d’un esprit charmant et que le grand âge n’a pas altéré. Je suis, en un mot, au milieu d’une famille qui m’aime, qui ne me laisse pas un désir à former.

« Je n’ai pas besoin de vous dire que ce détail de la vie que nous nommons vulgairement la bonne chère, d’autres disent la bombance, cette