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de voyage.

grand roc crénelé. Toutes ces roches sont brunes, de couleurs plus ou moins fauves et d’un aspect étrange, mais imposant.

« Nous descendons à terre avec le fournisseur qui est venu nous offrir ses services. C’est un Hollandais résidant depuis 30 ans dans le pays ; gros homme à l’expression franche et d’une remarquable finesse, nez rouge, quoique il soit de la société de tempérance ; d’une complaisance extrême sans servilité. C’est dans sa nature un bon homme. — Il nous conduit à Masonic-Hôtel, maison propre et confortable : notre consommation de pain, dans nos premiers repas, effraye les gens de l’hôtel, qui paraissent redouter la disette. Nous n’y avons passé que deux jours, mais nous nous y sommes rassasiés.

« Les rues du Cap sont larges et macadamisées ; les maisons bien alignées, blanches et peu élevées ; le vent de S.-E. y soulève une telle poussière que les hommes portent un voile attaché à leur chapeau comme les femmes.

« Avant de partir du Cap, une question importante préoccupait déjà les principaux passagers de l’Arche d’Alliance : en reprenant la mer, relâcherons-nous à Sainte-Hélène, dans notre navigation ? — Passerons-nous si près de ce coin du monde sans y aborder ? Quant à moi, je veux voir ce tombeau vide, mais toujours rempli d’un immortel renom ; je veux fouler cette île exécrable et fameuse, jeter à l’Angleterre mon imprécation. Aurons-nous visité les autres parties du monde sans mettre au moins le pied sur cette île africaine ? Passer, ne fusse qu’une