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la côte, je ne découvris rien de bien saillant. Mon impatience est excusable après une si longue navigation ; mais enfin voilà la terre devant nous et nous ne pouvons pas tarder d’y arriver.

2 heures du matin.

« La brise, excellente hier, a recommencé à varier et à fraîchir. Hier soir, à huit heures, nous étions par le travers de False-Bay et nous courons maintenant à l’O. N.-O. ; le vent est tellement violent qu’on est forcé de tout amener. Nous rasons la terre d’assez près et le vent sort avec furie des gorges noires que nous avons en vie. Ce sont des raffales à nous démater et ensuite des accalmies traîtresses. Mais un phare brille devant nous ; c’est celui de la baie de la Table, au fond de la quelle nous nous dirigeons, et c’est là que se trouve la ville du Cap, ce qui nous oblige à louvoyer pour venir au mouillage ; mais la brise est si forte que le capitaine se demande s’il ne ferait pas mieux de laisser porter sur Sainte-Hélène. Les vents sont terribles dans la baie ; souvent les navires sont chassés en dehors avec leurs ancres.

16 novembre 1852.
Au mouillage du Cap.

« Nous venons enfin de mouiller après avoir lutté avec peine contre un vent furieux. On aperçoit à la côte un batiment suédois échoué et dans un état déplorable. Il est là depuis trois jours ; c’était un vieux navire que ses assureurs payeront comme neuf.

« La ville du Cap est bâtie au pied de la montagne de la Table ; à droite se dessinent la tête et la croupe du Lion, à gauche le Diable et un