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de voyage.

5 novembre.
En mer.
(Les Damiers.)

« Les Damiers commencent à paraître ; ces jolis oiseaux sont toujours une distraction ; qu’ils soient les bien venus, car quoiqu’ils nous présagent des tempêtes, ils nous annoncent aussi les approches du cap de Bonne-Espérance, ce point vers lequel tendent nos désirs de chaque instant. Une fois ce cap doublé, c’est presque la moitié du chemin de fait. Nous avons vu aussi quelques satanites, sortes d’hirondelles de mer qui volent sur la lame en ricochant. Les marins ont une superstition : ils croient que la mort d’un de ces oiseaux entraîne la perte du navire. C’est un matelot anglais qui disait cela ; il appelait les satanites Storni-petrel et les damiers Cape-pigeon.

14 novembre.
En mer.

« Ce matin j’ai vu à très-grande distance une petite hauteur qui paraissait détachée de terre et qui termine le cap des Aiguilles. Maintenant les terres environnantes apparaissent plus nettes quoique plus basses. Toute cette côte me semble bien aride ; ce n’est pas là, à coup sûr, que sont ces magnifiques pâturages qui engraissent les beaux moutons du cap.

15 novembre.
En vue de terre.

« J’ai pris mon meilleur lorgnon pour voir ce cap de Bonne-Espérance, mais il est encore bien loin. Tout ce littoral, de prime abord, n’a rien de bien remarquable et ne donne pas une grande idée de cette importante colonie de l’Afrique australe où s’est posé le lion britannique comme pour inspecter les deux mers. — J’eus beau braquer ma longue-vue sur les différents points de