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paraît surprise de voir nos barbes hérissées par le vent. Nous lui souhaitons un happy voyage. — Le soir, la brume nous a séparés. Le coup de cape amènera probablement un changement de temps ; nous aurons bientôt la nouvelle lune qui nous le dira.

19 octobre.
En mer.

« Quarante jours de navigation et quarante jours de fièvres : Quand donc tout cela finira-t-il ? Il serait bien temps. La mer et la fièvre me font de vilaines grimaces et c’est le cas de leur dire :

  Leave your damned faces and begone. (Shakspeare)

Nous venons de recevoir encore un autre coup de cape.

25 octobre 1852.
En mer.

« Profitons de quelques instants de répit ; je n’entends pas parler de l’état de la mer, mais de la fièvre qui s’est calmée depuis trois jours. Peut-être cette fois-ci ce sera la bonne. Je me sens déjà tout autre, et afin d’abréger les heures, je vais m’occuper de mettre en ordre les notes éparses, recueillies dans ce long voyage. Il est curieux pour moi de revoir mes impressions sur les hommes et les choses que j’ai pu observer il y a deux ans. J’ajoute, j’efface beaucoup ; tout en respectant le fond des idées, j’en modifie la forme. La tournure de mon esprit a changé du tout au tout. — Je ne suis plus ce que j’étais ; je reviens homme après être parti enfant. »

Après cette note, je trouve immédiatement dans le journal de Grasset plusieurs fragments de sa rédaction qu’il a du écrire