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L’Arche d’Alliance a quitté les côtes de Malaisie : une note inscrite en marge du journal, indique encore un souvenir de la station que notre vogageur vient de faire à Padang :

Madame Psysfer.

« Padang retentit encore du séjour qu’y a fait Madame Pfysfer. Partout où nous allons il n’est question que d’elle. Poussée, disent les uns, par une passion malheureuse, dont elle garde encore le souvenir ; les autres par amour de la science, cette célèbre touriste voyage par le monde depuis tantôt dix ans, à pieds, sans argent, sans autre recommandation qu’elle-même. Elle a traversé Borneo, ce que bien des savants voyageurs ont tenté en vain, et maintenant elle est chez les Battas, la nation la plus féroce de Sumatra. Comment une femme a-t-elle pu trouver l’audace nécessaire à une pareille entreprise dans laquelle des hommes d’expérience et de courage ont échoué ! Par quels moyens peut-elle réussir ? C’est peut-être parce qu’un homme a toujours en lui quelque chose de suspect, tandis qu’une femme qui voyage peut bien attirer la curiosité, mais jamais le moindre soupçon. Mme Pfysfer n’emporte avec elle que trois boîtes : une pour des insectes, une autre pour son thermomètre, son baromètre et sa longue-vue ; la troisième contient deux robes de rechange. Elle a pour costume une espèce de robe-peignoir, des bottes et un grand chapeau de paille. Son système est de ne suivre aucune route battue. Elle est d’âge,