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de voyage.

sont souvent la proie des tigres ; les malais seuls osent les braver. J’interrogeai un jour un malais sur la chasse au tigre et voici ce qu’il me disait : — « Je me tiens en embuscade et j’attends que le tigre ait dévoré quelque chose, un chinois par exemple (on sait la haine qui existe entre chinois et malais), alors quand le tigre, bien repu, grimpe sur un arbre pour se reposer et faire la sieste sur une des grandes branches, je m’approche à petits pas, grimpant comme lui, et lui plonge mon kriss dans le cœur. »

« Ces tigres sont un fléau pour ce pays, et l’on s’étonne que l’administration locale n’ait pas encore pris de mesures énergiques contre ces terribles bêtes. Des battues générales bien organisisées, des pièges ou d’autres moyens employés avec persévérance finiraient par les détruire ou les éloigner du moins de cette île, où ils sont devenus si redoutables. On en a tué à deux pas de la ville, et il est arrivé de compter jusqu’à 7 ou 8 chinois dévorés en un jour. Une statistique, publiée dans un journal de Singapour, établissait en moyenne la consommation annuelle des tigres à 330 chinois. C’est presque un chinois par jour !

« La partie de la presqu’île de Malacca qui fait face à Singapour est peuplée, dit-on, d’une grande quantité d’éléphants, de cerfs, de sangliers, de singes et de tigres.

Historique de la fondation de Singapour.

« La fondation de Singapour ne date guère que de 1818. Vers 1716, il est vrai, cette île fut cédée par le roi de Djôhor au capitaine anglais Hamilton, mais cette cession n’eut pas de suite.