Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
de voyage.

pondants partout, chaque nouveau chef la renforce du capital qu’il a acquis. Ces sortes d’associations progressives sont encore augmentées par des mariages qui réunissent les intérêts au lieu de les disjoindre, de manière qu’au bout de 25 à 30 ans, voilà une maison Jardine de Singapour ou Mattison and Co de Canton, par exemple, qui fait pour 50 millions de piastres d’affaires par an, avec un capital de 2 à 300 millions, que rien ne peut plus faire crouler, car il repose sur un effectif en navires et marchandises. Si une révolution amène l’anarchie dans un état, si le gouvernement suspend ses payements, si un roi fait faillite forcée, et cela s’est vu, Rotschild et d’autres banquiers aussi puissants se trouvent ruinés Le chef de la maison de commerce de Singapour ou de Canton peut perdre un, deux, trois ou quatre navires. C’est une perte énorme, sans doute, mais qu’importe, il en a 50 ou 60. »

« Voilà ce que me disait mon jeune négociant et ce qui fait la confiance des grands commerçants de l’Inde dans l’avenir qui crée ces immenses fortunes.

Campagne de Singapour.

« De larges et belles routes, praticables aux voitures, sillonnent maintenant toute l’île. L’intérieur se défriche et on y fait d’utiles plantations. La culture de la noix muscade est surtout très-soignée ; les muscadiers sont plantés en quinconces et séparés les uns des autres par un assez grand intervalle. Ces arbres ont un peu