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DE CHIMIE AGRICOLE.

M. Berthelot a montré qu’on peut appliquer cette méthode même à des recherches précises, à condition d’opérer sur la terre préalablement lessivée avec quatre fois son poids d’eau pure et froide, puis séchée à l’air. Le dosage fournit alors l’azote organique insoluble, c’est-à-dire celui dont la connaissance importe le plus.

Les nombres obtenus pour l’azote nitrique et ammoniacal dans une terre arable sont assez variables selon les circonstances où l’échantillon a été prélevé. Si peu de temps auparavant, le sol avait subi d’abord une période chaude et moyennement sèche, très favorable à la nitrification, puis une période pluvieuse où la pluie a lavé la terre en emportant les nitrates, on ne trouve plus dans le sol que fort peu d’azote nitrique et aussi d’azote ammoniacal. Au contraire, l’analyse faite avant les jours de pluie aurait accusé beaucoup d’azote nitrique.

La teneur absolue d’une terre en azote ammoniacal et nitrique, c’est-à-dire en azote assimilable, ne peut en réalité nous renseigner exactement sur les aptitudes nutritives de cette terre, puisque l’analyse recommencée à huit jours d’intervalle donnera peut-être des résultats bien différents.

Toutefois, si la proportion d’azote nutritif est grande dans un sol, il y a tout lieu de penser que la transformation de l’azote organique s’y produit vite ; mais on ne peut immédiatement affirmer qu’elle a lieu lentement, si dans une analyse on trouve très peu d’azote assimilable. Dans ce cas, il faudrait recommencer l’analyse après une période sèche de jachère estivale.

Il y aurait peut-être un assez grand intérêt à instituer dans les laboratoires, à côté du dosage de l’azote organique, une mesure directe de l’aptitude des terres à transformer cet azote en azote nutritif. Il est vrai que, le plus souvent, les expériences culturales fournissent une solution pratique de ce problème.