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DE CHIMIE AGRICOLE.

Conditions de la nitrification. — Les conditions de milieu ont une importance fort grande. La nitrification ne pourra évidemment être active que si la terre arable est riche en substances nitrifiables, c’est-à-dire en sels ammoniacaux, ou du moins en matières organiques azotées capables d’en fournir par leur transformation.

Le ferment nitrique doit trouver un milieu favorable à son développement, et pour cela il faut une dose convenable d’humidité ; il faut, en outre, que le sol contienne une certaine quantité de calcaire. La présence du calcaire est indispensable à la vie du microbe nitrificateur. Les terres exemptes de calcaire (carbonate de chaux), même très riches en matières organiques, nitrifient mal, et les débris de la végétation s’y accumulent sans profit pour la culture ; c’est ce qui arrive assez souvent pour les sols granitiques de la Bretagne. C’est aussi ce qui a lieu dans les terres de landes, les terres de bruyère, les sols tourbeux, qui peuvent contenir parfois jusqu’à 10 % d’azote organique, riche capital qui demeure à peu près improductif. Pour remédier à ce défaut grave, il suffit d’amendements calcaires convenablement distribués.

Il faut aussi que l’air pénètre lien au travers du sol, ce qui exige que celui-ci soit bien perméable et ameubli. Dans les terres légères, où l’air circule facilement, la nitrification est rapide, les fumiers se consomment promptement. Dans les sols argileux, beaucoup plus imperméables, le phénomène ne se produit qu’avec lenteur.

L’activité du ferment nitrique ne s’exerce qu’entre certaines limites de température. Au-dessous de 5°, l’action est minime, sinon tout à fait nulle : elle ne devient appréciable que vers 12°. Pour des températures croissantes, la nitrification devient plus rapide ; elle atteint son maximum vers 37°, puis elle diminue