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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

par l’azote de l’air n’a pas lieu, ou si elle a lieu, elle est si faible, si exceptionnelle qu’elle ne peut être regardée comme un mode normal de la nutrition végétale.

C’est là une question capitale qui a provoqué de nombreuses recherches. M. Georges Ville avait conclu d’expériences personnelles, que les plantes peuvent assimiler directement une certaine quantité d’azote atmosphérique, et les doses ainsi fixées seraient même assez grandes, surtout pour certains végétaux privilégiés.

Mais les assertions de M. Ville soulevèrent les plus vives contradictions, et M. Cloëz qui avait assisté personnellement aux expériences de M. Ville, en repoussait les conclusions et attribuait à la présence négligée des nitrates la plupart des effets qui avaient été rapportés à l’azote atmosphérique.

Les observations rigoureuses de Boussingault en France, de Lawes, Gilbert et Pugh en Angleterre, conduisent à une conclusion absolument opposée à celle de M. Ville, c’est-à-dire à l’absence de toute assimilation directe. Cette opinion s’impose, et nous devons dire : l’azote de l’air n’est pas fixé directement par les plantes. Nous verrons qu’il peut l’être par l’intermédiaire du sol.

Ammoniaque de l’air. — Mais il y a dans l’air de petites quantités d’azote combiné, ammoniaque et acide nitrique. Ces petites quantités d’ammoniaque (1 à 2 milligrammes par 100 mètres cubes d’air) peuvent sans doute, dans une certaine mesure, collaborer à la nutrition azotée des végétaux. Les travaux de MM. Ville, Sachs, Schlœsing ont établi que la végétation est plus prospère dans une atmosphère riche en ammoniaque. M. Schlœsing a pu élever un plant de tabac en ne lui fournissant d’autre élément azoté que du carbonate d’ammoniaque diffusé dans l’air environnant.

La surface absorbante des plantes est très grande, et