Page:Sabatier - Leçons élémentaires de chimie agricole.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
DE CHIMIE AGRICOLE.

Pour les sols fumés chaque année, les pertes de nitrates sont plus fortes, mais ont lieu de la même manière. C’est toujours pendant la jachère que ces pertes sont les plus importantes.

On n’a guère de renseignements sur la composition des eaux de drainage d’un sol qui porte des récoltes fourragères, ou d’une terre maintenue en prairie naturelle ou couverte de bois. Il est probable toutefois que la perte des nitrates doit être beaucoup moindre, parce que les racines occupent plus profondément le sol et que la végétation n’y est pas interrompue pendant les mois d’automne. Dans les forêts, cette perte doit être tout à fait nulle.

Conséquences pratiques. — 1° L’emploi des nitrates comme engrais exige quelques précautions. On ne doit les fournir au sol que lorsque la végétation est très active et capable de les consommer rapidement. Il ne faut donc pas les répandre avant l’hiver, mais seulement au printemps, en couverture ; il vaudrait encore mieux, si c’était possible, en échelonner la distribution et les répandre à petites doses au fur et à mesure des besoins de la végétation. D’après les recherches de M. Berthelot, c’est avant la floraison que l’utilisation est habituellement le plus énergique.

2° Les eaux de drainage sont généralement riches en nitrates ; on devra donc chercher à les utiliser pour l’irrigation de terres placées plus bas.

Les ruisseaux, qui reçoivent beaucoup de ces eaux souterraines, contiennent assez souvent une quantité notable d’azote nitrique, et leur valeur pour les arrosages de prairies est ainsi beaucoup accrue. Mais peu à peu les végétaux qui se développent dans leurs eaux, et aussi les algues microscopiques qui les remplissent, consomment les nitrates, dont il ne reste plus quelquefois que des doses très faibles. On a un grand intérêt à être fixé sur ce point. M. Bréal a indiqué récemment