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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

cules ténues, qui absorbe l’eau aisément et la retient avec énergie, sera très mauvaise pour les cultures dans un pays pluvieux et humide, tel que l’Angleterre, la Normandie, la Bretagne ; elle sera, au contraire, très favorable sous le climat sec de la Provence.

Température du sol. — La végétation exige que le sol reçoive une certaine quantité de chaleur, d’ailleurs fort variable avec les cultures. Cette chaleur vient à peu près exclusivement des rayons solaires. C’est à tort qu’on a pensé qu’une portion notable peut provenir de la combustion lente du fumier et des matières humiques. M. Schlœsing a montré que les masses de fumier répandues dans la grande culture ne donnent lieu qu’à un effet thermique absolument négligeable ; cet effet peut, au contraire, devenir assez grand dans la culture maraîchère, qui accumule sur certains points des poids énormes de fumier.

L’intensité de l’échauffement des terres dépend évidemment de la température de l’air et de la puissance des rayons solaires ; elle dépend aussi de l’orientation du champ et de la nature du sol qui le recouvre.

Une terre humide se réchauffe beaucoup moins qu’une terre sèche, à cause de l’évaporation plus active qui a lieu à la surface. Ainsi, Schübler a trouvé qu’une terre sèche exposée au soleil atteignait la température de 35°, alors que la même terre humide placée tout à côté n’avait que 27°.

La coloration a une influence très marquée. Les terres blanches ou de couleur claire renvoient beaucoup de rayons solaires, donc en absorbent peu et demeurent plus froides. Les terres sombres absorbent énergiquement la lumière du soleil ; elles sont plus chaudes et la végétation y est plus hâtive. L’addition à une terre blanche de matières brunes charbonneuses ou ferrugineuses lui permet de s’échauffer davantage,