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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

Il faut aussi, autant que possible, que ce ciment résiste à l’action pluviale. M. Schlœsing a montré dans quels cas il en est ainsi.

La pluie tombant sur les mottes du champ labouré tend à entraîner l’argile en une sorte de coagulum ; c’est ce qui arrive dans les terres argilo-sableuses pures, où le limon descend, bouchant les pores de la terre, qui perd toute sa perméabilité.

Rôle du calcaire. — Mais si le sol contient du calcaire, la pluie en dissout aussitôt une petite quantité, et cette dose minime suffit pour que l’eau, devenue calcaire, ne puisse plus entraîner l’argile qui demeure coagulée là où elle est.

La coagulation des limons par les sels calcaires est facile à vérifier par l’expérience. Dans deux filtres identiques on place une même terre non calcaire, et on arrose l’un des filtres avec de l’eau distillée, l’autre avec de l’eau calcaire ; celle-ci traverse absolument limpide, tandis que l’eau pure s’est chargée d’argile et passe trouble.

Nous assistons quotidiennement à des phénomènes de ce genre : les eaux de rivière, pauvres en calcaire, se maintiennent longtemps troubles, mais il suffit d’un affluent calcaire pour les purifier.

Les eaux de la Seine, assez calcaires, se clarifient promptement, tandis que la Loire et la Garonne, qui renferment très peu de chaux, demeurent très longtemps limoneuses. Le Rhône, peu calcaire au sortir du Valais, arrive très trouble au lac de Genève, dont l’eau est assez calcaire, et aussitôt la clarification s’opère : le fleuve sort du lac à Genève avec une limpidité merveilleuse.

Les fleuves limoneux, parvenus à la mer, se débarrassent aussitôt de leur limon, parce qu’ils trouvent dans l’eau de mer une grande dose de sels qui coagulent l’argile.