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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

Si donc l’acide carbonique n’était pas régénéré ou renouvelé au-dessus du champ, il aurait entièrement disparu au bout de huit ans de culture.

Mais, en réalité, le globe terrestre n’est cultivé que sur une faible portion de sa surface totale, et un champ profite de l’acide carbonique contenu dans une étendue beaucoup plus grande ; en outre, la respiration des animaux, les combustions, les putréfactions de toute espèce, les éruptions volcaniques, produisent incessamment des quantités énormes de gaz carbonique, qui doivent au moins compenser la fixation de carbone sur les plantes.

Ici, comme pour la vapeur d’eau, la surface des mers joue un rôle considérable pour régulariser la proportion d’acide carbonique qu’il y a dans l’air. M. Schlœsing a montré que l’eau de mer contient, par litre, environ 1 décigramme d’acide carbonique dissous ; elle le cèderait à l’air, si dans l’atmosphère la quantité devenait trop petite. Si, au contraire, elle s’élevait outre mesure, la mer le dissoudrait, servant ainsi de régulateur gigantesque du monde végétal. La provision de gaz carbonique ainsi accumulé dans les eaux de l’Océan, et pouvant au besoin s’en dégager, est sans doute au moins décuple de celle qui se trouve dans l’atmosphère.

Principes azotés de l’air. — L’air renferme toujours un peu d’ammoniaque et d’acide nitrique, mais en quantité beaucoup moindre encore que l’acide carbonique.

En raison de leur extrême rareté, on n’y a d’abord attaché aucune importance. Nous savons aujourd’hui que leur rôle ne saurait être négligeable, et certains^agronomes ont pu les considérer comme la principale, sinon l’unique source primordiale de l’alimentation azotée des végétaux, avec ou sans l’intermédiaire du sol.