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DE CHIMIE AGRICOLE.

Il faut bien se garder de pratiquer pendant une même saison le chaulage d’un champ et sa fumure par des engrais animaux[1] ou des sels ammoniacaux ; l’action de la chaux dégagerait l’ammoniaque en pure perte.

Marnage. — Une autre solution un peu différente est réalisée par l’emploi des marnes. On désigne sous le nom de marnes des roches assez communes dont la composition équivaut à un mélange de calcaire et d’argile. La proportion de calcaire y est très variable, et va depuis 10 jusqu’à 90 %. Elles sont toujours tendres, friables, et sont susceptibles de se déliter au contact de l’eau. Leur introduction dans le sol a pour effet principal de lui donner du calcaire, mais elle peut aussi améliorer beaucoup sa constitution physique, en diminuant la cohésion due à un excès d’argile.

Sur les côtes de la Manche, voisines du Mont-Saint-Michel, on recueille en grande quantité une sorte de vase marine, appelée tangue, qui est utilisée très heureusement pour l’amendement des terres pauvres en calcaire. Ces tangues constituent des engrais calcaires très actifs à cause de la ténuité de leurs particules ; la proportion de chaux y est de 129 à 260 millièmes ; on y trouve en outre, un peu d’azote et des quantités assez importantes d’acide phosphorique qui augmentent encore leur valeur.

Le merl des côtes de Bretagne, qui est l’objet d’exploitations analogues, est encore plus riche en calcaire, mais plus pauvre en acide phosphorique. (Voir le tableau des engrais de la page 210.)

  1. Y compris le fumier de ferme.