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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

termine la déperdition de doses très importantes d’ammoniaque. L’arrosage fréquent du tas de fumier est un des meilleurs moyens de combattre ces effets fâcheux.

À cette sorte de combustion succède une nouvelle fermentation, analogue aux fermentations qui se produisent dans le sol sur la matière végétale quand l’air y fait défaut ; la substance végétale de la paille, sous l’influence de microbes spéciaux, se transforme peu à peu en une masse noirâtre assez homogène, qu’on a quelquefois nommée beurre de fumier, et sur laquelle se fixe, avec une certaine énergie, l’ammoniaque dégagée. Il se produit en même temps de l’eau, de l’acide carbonique, et aussi, comme l’a montré M. Gayon, un carbure d’hydrogène, le gaz des marais ou grisou, éminemment inflammable. M. Gayon a pu, en un jour, au moyen de 1 mètre cube de fumier, obtenir 100 litres de ce gaz.

Le résultat de ces transformations successives est ce qu’on appelle le fumier consommé. Il est notablement plus riche en principes nutritifs que le fumier frais. Nous empruntons, à MM. Müntz et Girard, le tableau suivant qui indique comparativement la composition de fumiers frais et consommés (rapportée à 1,000 kilogrammes) :

AZOTE. ACIDE
PHOSPHORIQUE.
POTASSE.
k. k. k.
Fumier de vache frais 8,1 4,0 14,5
Id. après trois mois 11,80 6,8 20,8
Fumier de mouton frais 6,5 6,2 17,1
Id. après trois mois 9,2 10,70 22,8