Page:Sabatier - Leçons élémentaires de chimie agricole.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

principalement de l’atmosphère, mais en outre, le sol qui les a fournies se trouve fortement enrichi en produits azotés et même en principes minéraux empruntés aux parties profondes de la terre. Les cultures de légumineuses constituent pour le sol arable une vraie fumure extérieure, riche surtout en azote et en potasse.

L’exportation de ces deux principes sera rendue moins importante, et il n’y aura guère lieu de se préoccuper que de la diminution de l’acide phosphorique.

Engrais verts. — À côté des cultures améliorantes, il convient de placer les engrais verts. Une pratique agricole assez répandue consiste à enfouir avant leur maturité certaines récoltes à végétation vigoureuse et rapide ; la matière végétale ainsi produite et mélangée sur place à la terre constitue pour celle-ci un véritable engrais, qui accroît sa fertilité et lui permet de fournir ultérieurement de belles récoltes.

Cette action fertilisante peut surprendre tout d’abord, puisque les engrais verts ne paraissent rendre au sol que ce qu’ils lui ont pris, mais l’exemple des légumineuses fourragères nous montre qu’il n’en est pas ainsi. Si on a convenablement choisi la nature des végétaux enfouis, ceux-ci donnent au sol arable, non seulement ce qu’ils lui ont emprunté, mais aussi de l’azote pris à l’atmosphère et des principes nutritifs pris au sous-sol. Les plantes désignées pour servir d’engrais verts sont donc principalement des légumineuses.

Quant à l’espèce, elle variera avec le sol et avec les nécessités culturales.

L’engrais vert doit être banni des terres où le calcaire fait défaut ; il ne servirait qu’à accroître sans profit la dose des produits acides de l’humus.

Dans les sols calcaires, le trèfle incarnat ou farouche, semé en octobre, enfoui au printemps, pourra très utilement servir d’engrais à une culture sarclée semée de suite après, maïs, pommes de terre, betteraves.