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DE CHIMIE AGRICOLE.

récoltes demeure dans le fumier de ferme et on les restituera à la terre en donnant celui-ci comme engrais.

Cette restitution aura lieu chaque année sur certains champs du domaine, dont la surface sera ainsi fumée tout entière, non pas en une année mais dans une période d’années qui varie avec les assolements adoptés.

En réalité, dans les fumiers de ferme il arrive fréquemment, par défaut de soins, qu’une partie notable des principes nutritifs disparaît en pure perte, l’azote se dégageant dans l’atmosphère sous forme ammoniacale, de l’acide phosphorique, de la potasse et même de l’azote étant emportés par les eaux pluviales. (Voir plus loin le Fumier de ferme.)

Mais dans les fumiers soignés, la perte se borne à quelques émanations ammoniacales qu’il est impossible d’éviter.

Le sol même pauvre fournit spontanément, par sa fertilité naturelle, une certaine dose de matières nutritives qui, aidées des principes apportés par la fumure, pourront fournir une récolte suffisante et semblable à celles obtenues antérieurement. En d’autres termes, l’emploi du fumier de ferme réduit au tiers ou à la moitié la quantité de matières fertilisantes que la terre doit fournir aux récoltes. Dans ces conditions, l’affaiblissement sera insensible d’une année à l’autre : l’exploitation pourra se soutenir semblable à elle-même pendant de longues années, mais elle demeurera toujours assez médiocre, et la richesse foncière du sol allant toujours en diminuant, on arrivera forcément, quoique très lentement, à l’abaissement des rendements.

Culture des légumineuses fourragères. — Quand pour certains champs du domaine la profondeur du sol est suffisante, on a certainement de grands avantages à introduire dans les assolements la production des légumineuses fourragères, luzerne, trèfle, sainfoin, vesces ; car non seulement l’azote de ces récoltes leur vient