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DE CHIMIE AGRICOLE.

des engrais non utilisés par la végétation est extrêmement variable avec la nature de ces engrais[1].

Engrais azotés. — Les nitrates ne se conservent pas d’une année à l’autre ; les pluies d’automne ou d’hiver emportent vers les régions souterraines les nitrates qui ont échappé à la nutrition des récoltes.

Les sels ammoniacaux peuvent se maintenir plus ou moins bien dans une terre moyenne, pourvue à la fois d’argile, d’humus et de calcaire ; dans un tel sol, ils donnent lieu à la formation de carbonate d’ammoniaque qui demeure fixé sur les particules d’argile ou de matière humique ; néanmoins, une certaine proportion nitrifie en automne et peut dès lors être entraînée par les fortes pluies.

Dans des terres insuffisamment pourvues d’argile ou d’humus, la fixation ne peut avoir lieu, et les sels ammoniacaux ne résistent guère mieux que les nitrates.

Dans des sols qui manquent de calcaire, le changement en carbonate du sel employé ne peut se produire, et l’immobilisation n’est pas possible, à moins que l’engrais fourni n’ait été précisément constitué par du carbonate d’ammoniaque.

Les engrais azotés lents, formés de matières animales ou végétales, sont comparables à la matière azotée de l’humus, et se conservent un peu comme celui-ci. Dans les terres fortes très argileuses, leur durée est très grande ; dans les calcaires, dénués d’argile, ils nitrifient promptement, et la pluie enlève des quantités très importantes des nitrates produits.

Engrais phosphatés. — Les phosphates insolubles enfouis dans le sol y gardent leur insolubilité, et peu-

  1. Les résultats qui suivent ont été développés d’une manière plus étendue dans le chapitre iv, pages 69 et suivantes, et dans le chapitre v.