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DE CHIMIE AGRICOLE.

tenue sur un même champ, malgré l’addition de fumures abondantes : c’est ce que l’expérience agricole a vérifié souvent.

À Rothamsted, l’usage d’engrais renforcés n’a pas permis, en général, de poursuivre la production continue du trèfle. Au contraire, pour le blé, l’addition d’engrais a maintenu une fertilité parfaite.

Pour le trèfle, ce résultat ne pourrait être atteint que par un défoncement énergique du sol, réalisant la pénétration des principes fertilisants jusqu’à une profondeur suffisante.

Pratique de la jachère. — Ces faits sont connus depuis longtemps. Les anciens avaient observé qu’un champ, soumis sans interruption à une même culture de céréales, fournit des rendements qui vont en diminuant, malgré l’emploi des fumures. C’est que le fumier de ferme, qu’ils employaient seul en quantité insuffisante, ne pouvait empêcher cet affaiblissement. Ils pensèrent que la diminution des récoltes était due à une fatigue de la terre, et, pour lui rendre ses forces, ils lui donnèrent le repos ; c’est ainsi que prit naissance la jachère alternante. Après une récolte de froment, on laissait le champ inactif et, durant une année entière, on le labourait et on lui distribuait du fumier.

Pendant cette période, où le sol est vide et soigneusement nettoyé de toutes les herbes inutiles, des principes nutritifs deviennent assimilables, mais n’étant pas consommés, ils s’accumulent en majeure partie sur les particules terreuses ; la fertilité réelle pour la récolte de l’année suivante en est accrue, sinon doublée.

Des assolements. — Cette pratique put être avantageuse quand le sol était sans valeur, c’est-à-dire dans les régions peu habitées. Mais quand le sol devint cher, on ne tarda pas à trouver insuffisantes ces récol-