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DE CHIMIE AGRICOLE.

Gilbert ont pu cultiver du trèfle pendant une longue suite d’années.

Prairies naturelles. — Il semble que certaines cultures fourragères, bien que fort exigeantes en principes nutritifs (même en azote), soient peu épuisantes pour le sol : ce sont les prairies naturelles, caractérisées par une végétation multiple, où abondent les graminées, mais où figurent aussi quelques légumineuses. Très souvent des prairies, qui ne reçoivent aucun engrais, fournissent néanmoins des récoltes abondantes, exportant annuellement par hectare :

80 kilogrammes d’azote,
21 d’acide phosphorique,
96 de potasse,
46 de chaux.

Ces récoltes se maintiennent pour ainsi dire indéfiniment. C’est que ces prairies durables reçoivent en réalité un engrais naturel abondant, soit par les eaux d’irrigation, soit par les eaux souterraines qui occupent le sous-sol. L’eau fournie à la prairie en grande quantité, lui apporte de la chaux, de l’azote, et même de petites doses de potasse et d’acide phosphorique. Si, pour l’irrigation, on se servait d’eau de source profonde, la prairie serait plus promptement en voie d’épuisement.

Il faut noter en outre quelques conditions particulièrement favorables à la nutrition des prairies artificielles : les plantes y sont très serrées, et leurs racines constituent un réseau épais qui occupe toute la couche terreuse, et agit sur ses particules avec une activité extrême, en utilisant bien leurs substances minérales, et le plus souvent en favorisant la fixation de l’azote atmosphérique. En outre, la végétation dure toute