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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

Il n’en serait plus de même dans un sol très fertile, où les récoltes pourraient, sans diminution apparente, se succéder pendant une longue série d’années.

Du reste, pour la terre de fertilité moyenne que nous considérions, toutes les cultures ne déclineraient pas de la même manière : quelques-unes se maintiendraient sans affaiblissement notable. La raison de ces différences est bien facile à comprendre. La terre cultivable contient toujours une dose plus ou moins importante de matières nutritives : azote, potasse, phosphore, chaux. Le sol des champs peut être comparé à une mine de principes fertilisants, mine plus ou moins riche selon sa nature, plus ou moins puissante suivant l’épaisseur de la couche perméable qui peut nourrir les racines. Une faible portion de cette réserve est assimilable, c’est-à-dire utilisable pour la nutrition végétale : la récolte fournie par le sol est en quelque manière proportionnelle à cette quantité d’aliments disponibles ; elle sera abondante s’il y en a beaucoup, faible s’il y en a peu.

La première récolte étant enlevée, une nouvelle quantité de matières assimilables est fournie à la récolte nouvelle. Si cette dose ainsi devenue disponible chaque année dans la couche totale occupée par les racines ne surpasse pas les besoins de la récolte, il y aura insuffisance d’alimentation et, par suite, abaissement de la récolte. Ceci se produira d’autant plus que la terre sera moins fertile et que la culture sera plus exigeante, et aussi plus inhabile à exploiter pour son compte les richesses nutritives du sol. Tout dépendra donc de deux facteurs bien distincts : la fertilité du sol et les besoins spéciaux de chaque culture.

On a vu précédemment qu’à Rothamsted la récolte des raves n’avait pu être poursuivie pendant plus de trois années ; c’est que les exigences de cette culture sont relativement grandes et ont promptement épuisé