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DE CHIMIE AGRICOLE.

par kilogramme : ce serait presque une terre pauvre de M. de Gasparin.

Dans un sol vierge prodigieusement fertile des bords du Rio Cupari (vallée de l’Amazone), Boussingault n’a trouvé par kilogramme que 0gr445 d’acide phosphorique.

Il est donc impossible d’admettre que la dose de ce dernier principe est la seule règle de fertilité ; l’abondance d’acide phosphorique n’est avantageuse que si l’ensemble des conditions générales posées plus haut se trouve réalisé.

Néanmoins, si on se borne à considérer des terrains d’alluvions à caractères moyens, c’est-à-dire renfermant à la fois argile, sable, calcaire, humus, la loi de fertilité, proposée par M. de Gasparin, se vérifie le plus souvent : dans un sol à bonnes qualités physiques, où la potasse et la chaux manquent rarement, la richesse en produits phosphores est une indication de fertilité, parce que le plus souvent l’azote a pu s’y fixer en quantité suffisante.

Richesse azotée. — M. Lawes a caractérisé la fertilité par la richesse en azote. Ceci exige évidemment que l’azote de la terre puisse y être utilisé pour la nutrition des récoltes. Ainsi, certains sols siliceux et tourbeux ont une richesse énorme en azote, 1 kilogramme de terre en renfermant jusqu’à 18 grammes ; pourtant, la végétation n’en retire aucun profit. Faute de calcaire, la matière azotée ne peut subir l’action des microbes ; elle demeure insoluble et l’azote reste immobilisé en pure perte.

Dans les sols suffisamment pourvus de calcaire, la nutrition azotée des récoltes est d’autant meilleure que la teneur azotée est plus forte, et le plus souvent alors la richesse naturelle en azote coïncide avec une richesse suffisante en acide phosphorique et potasse : la règle de Lawes s’applique alors fort bien.