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DE CHIMIE AGRICOLE.

Phosphore (acide phosphorique). — Dans un sol absolument privé d’humus, le phosphore existe seulement sous forme de phosphates ; ce sont principalement le phosphate de chaux, tribasique comme celui des os, le phosphate d’alumine, le phosphate de fer.

Ces phosphates sont tout à fait insolubles dans l’eau pure ; le lavage prolongé de la terre n’en enlève pas de quantités appréciables. Mais l’eau chargée de matières salines ou même d’acide carbonique, en dissout de petites doses.

Dans une terre végétale pourvue d’humus, le phosphore utilisable pour la nutrition végétale ne se trouve pas seulement à l’état de phosphate ; il existe aussi dans la matière humique, sous forme de substances organiques complexes, analogues à celles qu’on rencontre dans les tissus des plantes.

Ces substances sont multiples. Les unes proviennent sans doute des petites quantités de phosphates, dissoutes par les eaux, puis fixées par la matière carbonée de l’humus en vertu de son pouvoir absorbant. Elles peuvent régénérer de l’acide phosphorique par l’action des acides, ou même par l’effet prolongé de l’eau impure, et paraissent très propres à l’alimentation phosphorée des végétaux.

Les autres, semblables à la substance phosphorée des cellules vivantes, existent dans les débris organiques de la terre, et dans la matière vivante microbique qui abonde dans le sol arable : elles ne fournissent d’acide phosphorique que lorsqu’on les soumet à une oxydation prolongée ou très intense.

On néglige d’ordinaire cette distinction qui n’a été établie nettement que l’année dernière par M. Berthelot : on admet que tout le phosphore est à l’état d’acide phosphorique combiné à diverses bases. Dans la pratique, il n’y a guère d’inconvénients à exprimer la teneur phosphorée totale en acide phosphorique équi-