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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

les autres plantes inutiles, et le travail du sol, ainsi désigné comme nécessaire, se perfectionna peu à peu.

C’est sans doute de cette manière que le blé fut conquis : jadis plante sauvage de la région de l’Euphrate, il devint la culture principale, la plus importante de toutes, parce que c’est du blé que l’homme tire la plus grande partie de sa subsistance quotidienne.

Mais après une longue période de culture, le champ que l’on ensemençait chaque année parut se fatiguer : la production devint de plus en plus faible. On pensa qu’il vieillissait comme les hommes eux-mêmes, et on l’abandonna pour aller un peu plus loin cultiver un terrain encore vierge. Plusieurs années après, le premier champ délaissé avait repris l’aspect des sols vierges ; on y revint et on trouva qu’il pouvait de nouveau produire une récolte assez bonne. Mais cette fois le vieillissement revint plus vite, et on l’abandonna encore aux végétations spontanées et inutiles des plantes vivaces.

C’est ainsi que fut d’abord pratiquée la culture des céréales, limitée aux terres les plus fertiles dont on exploitait, annuellement une faible partie, une longue période de repos séparant une série de récoltes de la série suivante.

La terre devenant moins abondante par l’accroissement du nombre des hommes, on chercha à lui faire produire davantage, en abrégeant la durée des repos ; on arriva ainsi à laisser le champ inoccupé pendant une année après chaque récolte de céréales, et comme l’ameublissement du sol avait été reconnu favorable, l’année du repos fut consacrée au travail du sol fatigué. C’est le système de jachère alternante tel que l’employaient fréquemment les Grecs et les Romains, tel qu’on le suit encore dans bien des contrées, par exemple en Algérie.

Puis on essaya avec succès les cultures dites de