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DE CHIMIE AGRICOLE.

tiques affirme bien que les deux sortes d’alimentation s’exercent à la fois.

On arrive ainsi à une propriété spéciale assez inattendue des légumineuses fourragères : celles-ci sont bien réellement capables de déterminer une fixation d’azote, non pas sur leurs feuilles, comme on l’avait pensé jadis, mais sur leurs racines, ce gain étant d’ailleurs l’œuvre de microbes parasites de ces racines. Les microbes qui peuvent fixer l’azote sur les particules de la terre végétale nue, trouvent dans les racines des légumineuses un milieu favorable à leur développement, et entre les plantes fourragères et les microbes parasites il s’établit une sorte d’alliance intime utile aux uns et aux autres. Les micro-organismes logés dans les nodosités fixent l’azote gazeux et forment des matières albuminoïdes qu’ils fournissent au végétal supérieur ; en échange, celui-ci, par sa sève descendante, leur envoie les produits carbonés élaborés dans les feuilles.

Le grand développement des racines des légumineuses assure leur union plus intime avec le sol, dont elles accumulent en proportion énorme les matières minérales nutritives, et il offre aux parasites infiniment petits un immense champ d’action fertilisante. Les expériences de M. Berthelot, effectuées avec des terres végétales normales de composition connue, établissent d’une manière non moins parfaite l’influence favorable que la culture des légumineuses exerce sur la fixation d’azote. La quantité totale d’azote fixé, en partie sur les plantes, en partie sur le sol, surpasse habituellement celle qui se fixe sur la terre nue. Les cultures de jarosse, de vesce, de luzerne, ont donné les résultats les plus décisifs : leur développement a été très actif ; les racines vigoureuses étaient chargées de nombreux tubercules caractéristiques de la fixation d’azote.