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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

moyennement riches en azote, cette cause paraît en général suffisante pour compenser les déperditions naturelles et même réaliser un certain enrichissement de la terre.

Dans un champ cultivé sans engrais, l’alimentation des récoltes doit être réalisée à partir de l’azote nutritif, qui provient de la matière azotée du sol. Les pertes définitives d’azote sont beaucoup plus grandes que pour le sol nu, et on ne peut prévoir à priori si elles seront ou non compensées en quelque façon par l’action réparatrice des microbes.

Il convient de distinguer deux cas principaux :

1° La végétation n’accélère pas, ou même retarde, l’action propre des microbes chargés de fixer l’azote atmosphérique ;

2° La végétation accélère cette action.

Premier cas. — Habituellement, dans les terres de richesse moyenne, la végétation de la plupart des plantes parait être légèrement défavorable à la vitalité des microbes qui fixent l’azote, et cela tient probablement à la manière dont les racines végétales modifient le milieu nutritif où les micro-organismes doivent aussi vivre et se développer.

Dans des expériences spéciales faites sur des amarantes au laboratoire de Meudon, le gain d’azote réalisé pendant le cours de la végétation pour l’ensemble du sol et des plantes, a été trouvé égal à 13% de l’azote initial, tandis que pour la terre seule il était de 22% et même supérieur.

Néanmoins, dans l’exemple cité, la terre s’était enrichie, et c’est ce qui arrive sans doute d’ordinaire dans le cours de la végétation spontanée : la richesse azotée du sol tend à s’accroître jusqu’à une certaine limite où il s’établit un équilibre entre la cause de fixation et les causes multiples de déperdition, Mais dans les cultures toujours plus ou moins inten-