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DE CHIMIE AGRICOLE.

tres recherches, qui ont confirmé le phénomène de fixation. L’année 1888 a été remplie par cette discussion. Au milieu de ces contradictions absolues, où se trouvait la vérité ?

Les travaux récents exécutés par MM. Hellriegel et Wilfarth en Allemagne, par M. Bréal en France, et les résultats publiés, au début de cette année, par M. Berthelot[1], semblent désormais fixer l’opinion sur ce sujet, en établissant la réalité de la fixation d’azote sur la terre végétale avec ou sans le concours de la végétation.

Cette question est tellement importante qu’il convient de donner quelques détails sur les résultats obtenus.

Fixation de l’azote sur la terre nue. — Les terres de Meudon, étudiées par M. Berthelot, sont des sols argileux, assez riches en acide phosphorique, chaux, et surtout potasse, mais médiocrement riches en azote. Elles ont toujours pu donner lieu à des fixations d’azote.

Cette fixation cesse d’avoir lieu si la terre a été préalablement chauffée pendant deux heures à la température de 100°. Ceci prouve que la faculté de fixer l’azote aux dépens de l’atmosphère n’est pas due à une action chimique proprement dite, mais est réglée par l’intermédiaire de certains organismes spéciaux infiniment petits. Ces microbes absorbent pour leur compte l’azote gazeux, et déterminent ultérieurement la production sur les particules terreuses de véritables matières albuminoïdes. Ils existent habituellement dans les terres naturelles, mais la chaleur les détruit, et enlève ainsi au sol son aptitude à assimiler l’azote.

  1. Les expériences de M. Berthelot ont été répétées avec succès par M. Frank (de Berlin).