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DE CHIMIE AGRICOLE.

elles doivent varier énormément avec la nature des récoltes, la qualité des terres, les conditions climatériques. On peut toutefois prévoir que leur effet sera peu important pour les cultures persistantes, telles que les cultures fourragères. Elles seront au contraire les plus intenses pour les céréales, surtout dans des sols perméables à l’air et à l’eau et capables de nitrifier activement.

La perte totale d’azote doit être annuellement, par hectare, de 50 à 300 kilogrammes ; en moyenne, on peut l’évaluer à 100 kilogrammes. Une bonne terre normale contenant de 4,000 à 10,000 kilogrammes d’azote par hectare, nous voyons que la déperdition annuelle est loin d’être négligeable. Après une série de récoltes semblables obtenues pendant moins d’un siècle, tout l’azote aurait disparu. En réalité, le sol s’appauvrira et deviendra assez rapidement incapable de nourrir de bonnes récoltes, à moins qu’il ne lui soit rendu de l’azote, soit artificiellement, soit par des causes naturelles.

Existe-t-il de telles causes, et si elles existent, sont-elles capables de compenser les pertes d’azote subies par la terre ? Peut-il arriver que la compensation soit dépassée et que la richesse azotée se trouve devenir plus grande ?

Nous connaissons déjà, il est vrai, une source naturelle d’azote : c’est l’ammoniaque et l’acide nitrique fournis par la pluie qui les recueille dans l’atmosphère. Mais l’azote ainsi apporté à la terre ne constitue le plus souvent qu’une fraction très petite de la quantité qui serait nécessaire pour remplacer l’azote perdu.

Y a-t-il une autre cause d’enrichissement azoté ? L’azote atmosphérique peut-il dans certaines conditions se fixer sur le sol ou sur les récoltes qui s’y trouvent ? C’est ce que nous allons examiner dans le chapitre suivant.