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GULISTAN


DEUXIÈME HISTORIETTE.

J’ai vu un derviche qui avait placé la tête sur le seuil de la Ca’bah, frottait son visage contre terre[1] et gémissait en disant : « Être clément et miséricordieux ! tu sais quelle chose proviendra de l’homme injuste et ignorant, qui puisse te convenir. »

Distique. — « J’apporte des excuses pour l’imperfection de mon hommage ; car je n’espère point en ma dévotion. Les désobéissants font pénitence de leur faute, les contemplatifs demandent pardon pour leur culte.»

« Les dévots demandent la récompense de leur culte, les marchands le prix de leurs denrées. Quant à moi, faible esclave, j’ai apporté des espérances, non de la dévotion ; je suis venu pour demander l’aumône, non pour trafiquer. Fais envers moi ce dont tu es digne, et non pas ce dont je suis digne (c’est-à-dire : Traite-moi conformément à ta générosité, et non conformément à mes mérites). »

Vers. — « Soit que tu me tues, soit que tu me pardonnes ma faute, je place ma tête et mon visage sur ton seuil. L’ordre n’appartient point à l’esclave. Tout ce que tu ordonneras, je m’y soumettrai. »

Distique. — « J’ai vu sur la porte de la Ca’bah un mendiant qui disait, en pleurant beaucoup : « Je ne dis
  1. J’ajoute ici les mots : ouc roùj ber zémyn hémy màlid, avec les éditions de Tébriz, du Caire et de Bombay.