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32 INTRODUCTION.

d'ordinaire ne sont guère moins fatales à l’esprit qu’à la beauté, respectèrent complétement cette vive et lumi- neuse intelligence, qu'elles avaient amenée d'un pas si rapide au sommet de ll art, et qu'elles ne eondamnèrent jamais à en descendre, quand une fois elle l’eut atteint. Les lettres écrites pendant la dernière séparation sont en eH`et admirables de jeunesse, d`esprit, de fraîcheur, dbriginalité, de gaieté, de bon sens familier et de haute raison, et le style a toute la perfection ravissante des plus beaux jours, et donne, comme partout dans cette inimitable correspondance, une grace particulière aux pensées, qu`il revêt toujours sans eH`ort de la forme qui semble le mieux leur convenir: nulle part ne se montre l'0mbre d'un affaiblissement, nulle part n`apparaissent _ les tristes signes de la décadence. Qu`il nous suilise de citer cette magnifique lettre du IQ avril 1694, qui sera certainement comptée un jour parmi les plus beaux modèles de l’art épistolaire et de l°art d'écrire, et dont la perte, qu'on a pu longtemps croire définitive, eût été si regrettable. Mme de Sévigné y raconte les magniücences des noces de la seconde lille du marquis de Louvois, comme elle avait, quelques années auparavant, raconté celles de la fille aînée du grand ministre. On trouve dans ces superbes pages, écrites quelques jours à peine avant l’époque où la cé- lèbre correspondance allait s’arrêter pour toujours, les plus hautes et les plus rares qualités de l’illustre écri- vain, tous les caractères de son génie aimable et puis- sant, la force unie à la grâce, une variété infinie de tous et d’idées, si naturelle qu’elle ravit sans jamais fa-