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comme celui-là : il m’a priée déjà plusieurs fois de vous faire bien des compliments, et de vous dire que, quelque joie qu’il ait d’être ici, il m’aime trop pour n’avoir pas beaucoup d’envie de vous quitter la place.

On ne parle plus de madame de Soubise, on n’y pense même déjà plus. Vraiment, il y a bien d’autres affaires ; et je crois que je suis folle de m’amuser à parler d’autre chose. Il y a deux jours que l’on est assez comme le jour de Mademoiselle et de M. de Lauzun : on est dans une agitation, on envoie aux nouvelles, on va dans les maisons pour en apprendre, on est curieux ; et voici ce qui a paru, en attendant le reste[1].

M. de Luxembourg était mercredi à Saint-Germain, sans que le roi lui fît moins bonne mine qu’à l’ordinaire : on l’avertit qu’il y avait contre lui un décret de prise de corps : il voulut parler au roi ; vous pouvez penser ce qu’on dit. Sa Majesté lui dit que, s’il était innocent, il n’avait qu’à s’aller mettre en prison ; et qu’il avait donné de si bons juges pour examiner ces sortes d’affaires, qu’il leur en laissait toute la conduite. M. de Luxembourg pria qu’on ne l’y menât point, et en effet il monta aussitôt en carrosse, et s’en vint chez le père de la Chaise : mesdames de Lavardin et de Mouci, qui venaient ici, le rencontrèrent dans la rue Saint-Honoré, assez triste dans son carrosse : après avoir été une heure aux Jésuites % il fut à la Bastille, et remit à Baisemaux (le gouverneur) l’ordre qu’il avait apporté de Saint-Germain. Il entra d’abord dans une assez belle chambre. Madame de Meckelbourg[2] vint l’y voir, et pensa fondre en larmes ; elle s’en alla, et une heure après qu’elle fut sortie, il arriva un ordre de le mettre dans une des horribles

  1. La Voisin, la Vigoureux, et un nommé le Sage, connus à Paris comme devins et tireurs d’horoscopes, joignirent à cette jonglerie le commerce secret des poisons, qu’ils appelaient poudre de succession. Ils ne manquèrent pas d’accuser tous ceux qui étaient venus à eux pour une chose, d’y avoir recouru pour l’autre. C’est ainsi que le maréchal de Luxembourg fut compromis par son intendant Bonard, qui avait fait chez le Sage on ne sait quelle extravagante conjuration pour retrouver des papiers perdus. Le vindicatif Louvois saisit l’occasion pour le perdre, ou au moins pour le tourmenter.

    Outre les personnes nommées ici, madame de Polignac fut décrétée de prise de corps, et la maréchale de la Ferté, ainsi que la comtesse du Roure, d’ajournement personnel.

    On accusait la comtesse de Soissons d’avoir empoisonné son mari, madame d’AUuye son beau-père, madame de Tingry ses enfants, madame de Polignac un valet de chambre, maître de son secret.

  2. C’était la sœur de M. de Luxembourg.