fût pour vous, ni que les louanges que vous lui donnez lui convinssent. Il ne vous falloit pas une moins délicieuse société pour vous tenir lieu de tout ce que vous avez perdu en perdant M. le prince de Turenne et M. le cardinal de Bouillon. Le bruit court que ce dernier est plus triste à Paris qu’à Rome / son neveu et lui ont pourtant été bien reçus [1]. N’avez-vous pas été bien affligé de M. de Seignelai? Il y a de belles réflexions à faire sur cette tragique destinée ; son cabinet, mon cher cousin, est encore plus dérangé que le vôtre. Que Mme de Seignelai est à plaindre, et qu’elle a perdu de choses à quoi elle s’étoit attachée, et dont elle n’avoit pas imaginé d’être jamais séparée ! aussi n’est-elle pas consolable, à ce qu’on nous mande. Vous ne me direz pas, du moins par une lettre, tout ce que vous avez pensé sur cette mort ; le public en dit assez. Je vous fais mes compliments sur ce que je viens d’apprendre que votre neveu[2] est capitaine de dragons : j’y prends un véritable intérêt ; c’est un chemin pour être colonel ; et quand il sera parvenu à ce degré, il sera plus à son aise. Adieu, mon cher cousin, jusqu’au revoir. J’échauffe mes chambres autant que je puis ; mais en sortant de Rome, tout vous paraîtra à la glace jusques à nos conversations, pour peu que vous en ayez eu avec M. et Mme de Nevers. Je suis toute
- ↑ 7. « M. le cardinal de Bouillon a vu le Roi dans son cabinet, et M. de Turenne a salué aussi S. M., et a commencé à faire sa charge (de grand chambellan). » (Journal de Dangeau, 25é novembre 1690.) Le cardinal n’était pas en faveur, bien que sa disgrâce eût cessé. A son retour du conclave de 1691 il reprit ses fonctions de grand aumônier (dès la fin de 1690: voyez la Gazette du 3o décembre); ce fut lui qui donna la bénédiction nuptiale au duo de Chartres (depuis régent) et à Mademoiselle de Blois à cette occasion le Roi lui rendit un appartement à Versailles. Voyez le Journal de Dangeau, aux 18 et 28 février 1692. (Note de. l’édition de 1818.)
- ↑ 8. Sanzei. Voyez la fin de la lettre, et tome VIII, p. 350