vous assurer aussi que je vous aimerai toute ma vie. Si vous voulez m’écrire quelquefois, vous mettrez la suscription de vos lettres à moi, à Grignan par Montélimart. Elles viendront et me donneront beaucoup de joie.
DU COMTE DE BUSSY RABUTIN ET DE LA COMTESSE DE DALET A MADAME DE SÉVIGNÉ.
Le même jour que je reçus cette lettre, j’y fis cette réponse. À Çhaseu, ce 10è décembre 1690.
DU COMTE DE BUSSY RABUTIN.
JE viens de recevoir votre lettre du premier de ce mois, Madame, qui nous a fort réjouis, votre nièce et moi. Notre sang s’est ému à la réception de cette lettre ; mais notre proximité seule n’a pas fait notre émotion ; nous avons de plus proches parentes que vous, de qui nous ne serions pas si aises de recevoir des nouvelles. C’est comme agréable encore plus que comme cousine que nous aimons à vous lire.
Je vous trouve effectivement fort heureuse de passer l’hiver en Provence, avec la belle Comtesse, que vous aimez chèrement ; je ne pense pas que si vous n’étiez qu’à cinquante lieues d’ici, je me pusse empêcher d’aller demeurer quinze jours avec vous deux. Mme de Dalet dit qu’elle ne m’y laisseroit pas aller seul.
Je crois, comme vous me le mandez, que les offres que j’ai faites au Roi sont bien pensées et noblement écrites, et j’aurois presque envie de vous dire à toutes deux, de même que je le lui ai dit, que depuis votre approbation je suis plus hardi que je n’étois à m’estimer. Mais si j’ai en cela quelque mérite, ma chère cousine, on ne peut pas