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ment, lui répliqua le Roi, il ne faut pas avoir tant d’esprit ! voyez Monsieur l’Archevêque, voyez M. de Bussy, et ces autres Messieurs, si ces gens-là n’ont guère d’esprit. »

l307. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A COULANGES.

A Lambesc, le 1er décembre.

OU en sommes-nous, mon aimable cousin ? II y a environ mille ans que je n’ai reçu de vos lettres. Je vous ai écrit la dernière fois des Rochers par Mme de Chaulnes ; depuis cela, pas un seul mot de vous. Il faut donc recommencer sur nouveaux frais, présentement que je suis dans votre voisinage. Que dites-vous de mon courage ? il n’est rien tel que d’en avoir. Après avoir été seize mois en Bretagne avec mon fils, j’ai trouvé que je devois aussi une visite à ma fille, sachant qu’elle n’alloit point cet hiver à Paris ; et j’ai été si parfaitement bien reçue et d’elle et de M. de Grignan, que si j’ai eu quelque fatigue, je l’ai entièrement oubliée, et je n’ai senti que la joie et le plaisir de me trouver avec eux. Ce trajet n’a point été désapprouvé de Mme de Chaulnes, ni de Mmes de Lavardin et de la Fayette1[1], auxquelles je demande volontiers conseil, de sorte que rien n’a manqué au bonheur ni à l’agrément de ce voyage ; vous y mettrez la dernière main en repassant par Grignan, où nous allons vous attendre. L’assemblée de nos petits états est finie[2]; nous sommes ici seuls, en attendant que M. de Grignan soit en état d’aller à Grignan, et puis, s’il se

  1. LETTRE 1307. -- 1. Voyez la lettre de Mme de la Fayette du 20 septembre précédent, p. 578.
  2. 2. Le comte de Grignan avait fait l’ouverture des états à Lambesc le 16 novembre 1690. Voyez la Gazette du 9 décembre.