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moi. Ces rimes me font peur. Je ne suis point animée par vos ouvrages à tous, ni par Rochecourbières et M. Gaillard, que j’aime. Ainsi je pense que j’en demeurerai à la simple approbation, quand ce ne seroit que pour faire voir à Pauline qu’il y a des choses où mon esprit ne prend pas. `

Vous parlez, tout comme bien des gens, des succès de nos armées navales et des combats navaux™[1] c’est quasi toujours le vent qui les décide ; autant en emporte le vent. Je vous ai dit que depuis la bataille d’Actium, jamais aucune affaire n’avoit été décidée par cette manière de combattre[2]; mais ce fut une belle décision que celle-là. Notre flotte est dans la Manche. Nous attendons ce que Dieu nous garde de ce côté-là. Toutes ces galères, qui ont fait partir M. de Grignan, sont devenues à rien. Il falloit que M. de Janson[3] chaussât mieux ses lunettes. Adieu, ma chère et mon aimable bonne : je vous aime, je vous embrasse, je vous souhaite de la force, du courage, de la santé pour soutenir votre vie. Je pense à vous mille et mille fois, mais toujours inutilement : c’est ce qui m’afflige. N’êtes-vous point trop bonne d’avoir écrit à Mlle de Méri ? Mon Dieu ! je lui ai écrit aussi. Que deviendra tout cela ? Elle fera de grands cris, et vous trouvera trop généreuse, comme vous l’êtes en effet, et moi bien vilaine, bien crasseuse, bien infâme ; enfin, ma mignonne, nous verrons sa réponse. Nous parlerons de vos quittances à la première vue. Vous êtes estimable en tout et par tout.

  1. 18. Navaux est souligné dans l’autographe, ainsi que tous les autres mots imprimés en italiques -dans cette lettre, à l’exception de ceux-ci (p.540) : je mange des pois chauds.
  2. 19. Voyez la lettre du 31août 1689, ci-dessus, p. 186
  3. 20. Sans doute le marquis de Janson, gouverneur d’Antibes : voyez tome II, p. 72, note 17.