Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/505

Cette page n’a pas encore été corrigée

faut toujours revenir à vous. Ah! oui, vraiment, je connois le style d’où Pauline a puisé sa lettre : mon Dieu ! comme je le trouve, présentement qu’on n’aime plus que ce qui est naturel ! mais j’avoue que la beauté des sentiments et les grands coups d’épées[1] m’avoient enchantée. L’abbé de Villarceaux[2] étoit encore plus grand pécheur que moi, c’est-à-dire que des gens fort au-dessus de mon mérite avoient cette folie. Voilà comme on se console, et comme dira Pauline. C’est donc, Mademoiselle Pauline, de cette même main, de cette même plume, que vous écrivez à Mme d’Épernon, pour savoir d’elle si Dieu veut que vous soyez carmélite[3] ? vraiment j’en suis bien aise. Si vous continuez, il ne faudra point attendre de si loin une réponse. Je l’empêche aujourd’hui de vous écrire, cet amant[4]. S’il vous fait devenir folle par l’honneur de son amour, comme dit Madame votre mère, vous le faites devenir aussi le berger extravagant dans ces bois. En vérité, ma bonne, je n’ai rien vu de plus plaisant que l’inclination qu’il a pour cette jolie petite idée[5], dont vous me donnez aussi la meilleure opinion du monde. Son imagination ne s’engage à rien qu’elle ne soutienne

  1. 16. Il y a d’épées, au pluriel, dans l’autographe.
  2. 17. René de Mornay Villarceaux, abbé de Saînt-Quentin-lez-Beauvais, mort le 27 septembre 1691, sept mois après son frère le marquis de Villarceaux.
  3. 18. Voyez ci-dessus la lettre de mars, p. 487. -- Sur Mme d’Épernon, qui avait fait profession aux Carmélites en 1649, sous le nom de sœur Anne-Marie de Jésus, voyez tome VI, p. 175, note 5.
  4. 19. Charles de Sévigné. La phrase suivante se termine par une nouvelle allusion au héros de roman dont il est parlé au tome VIII, p. 551, fin de la note 9.
  5. 20. C’est-à-dire pour Pauline. Nous n’avons pas besoin d’ajouter qu’à la phrase suivante c’est de l’imagination de Pauline qu’il est question ; à la fin de, cette phrase les éditions antérieures portent dons, pour tons.