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soucie pas de l’autre. » En vérité, ma chère bonne, je n’en sais rien ; c’est que je cause.

Nous allons lundi à Rennes[1] passer quinze jours ; comme nous n’avons pas comme vous un vénérable chapitre, nous voulons voir un peu les cérémonies de l’Eglise ; nous y avons aussi quelques petites affaires. La Marbeuf m’attend avec transport. Je vous écrirai encore dimanche d’ici ; ne changez rien à votre adresse ordinaire : je serai revenue avant la réponse de celle-ci. Je suis ravie de votre amitié, et de votre persévérance pour les œufs ; c’est une bonne nourriture [à] qui l’aime. Pour moi, je me porte parfaitement bien du carême. Quand je ne penserois à vous qu’en voyant des beurrées, ce digne objet de vos désirs, et de ceux d’Ésaü s’il les avoit connues, j’y penserois fort souvent, car j’en suis tout entourée ; mais voici notre amoureux transi.

DE CHARLES DE SEVIGNÉ.

Oui certes amoureux, et très-amoureux : chaque moment de ma vie augmente ma passion, et toutes vos lettres la redoublent. Il y a un certain rapport entre ma divinité et moi,

Qui flatte mes désirs d’une illustre apparence, Et fait croire à César qu’il peut former des vœux[2].

  1. 19. Les deux jours de la semaine où Mme de Sévigné avait coutume d’écrire à sa fille étaient le mercredi et le dimanche. Des mots : « Nous allons lundi à Rennes {voyez la lettre du 23 avril) » et de ceux-ci, qui sont quatre lignes plus loin : « Je vous écrirai encore dimanche d’ici, » on peut conclure avec beaucoup de vraisemblance que la lettre a été écrite le mercredi, et, d’après ce que nous avons dit plus haut (note 1), le mercredi i5 mars. -- Sur le chapitre de Grignan, voyez la note 2 de la lettre suivante, p. 488.
  2. 20. Pompée, acte IV, scène III : C’est elle dont je tiens cette haute espérance Qui flatte mes desirs d’une illustre apparence, Et fait croire à César qu’il peut former des voeux.