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de toutes les miettes qui tombent, dont elle vous surprend dans les occasions je. trouve cette vivacité fort jolie et fort plaisante ; mon fils, très-sérieusement, en est charmé. Elle est donc, Dieu merci, dans la fantaisie de la saison, c’est-à-dire de la dévotion de la semaine sainte. Il faut prier Dieu qu’il[1] la conserve dans cet arrangement si juste, et si bien placé, car si jamais son imagination déplaçoit quelque chose, il nous semble que cela pourroit aller bien vite.

Où nous envoie la liste des officiers généraux[2] on parle de toutes sortes de voyages de Monseigneur, généralissime sur lé Rhin[3] Cela fait concevoir de grandes espérances de notre supériorité sur les ennemis. Notre frère le Turc fait des merveilles pour nous : le vizir est un Coprogli, toujours victorieux comme son père[4]. On dit que Monsieur ira en Flandre, et même le Roi. Quand je vois tout ce mouvement, et M. de Villars maréchal de

    d’après lui, la première édition, donnent Pontarque. Nous n’avons pas hésité à restituer poutargue. Ce mot (on dit aussi, et plus souvent, parait-il, boutargue) correspond au provençal poutarga voyez le Dictionnaire provençal-français d’Honnorat. « Les Provençaux, dit le Dictionnaire de Trévoux, appellent boutargues des œufs de muge ou de mulet confits avec de l’huile et du vinaigre, ou des œufs de poisson salé et séché dont on fait une espèce de saucisse. »

  1. 5. Il y a qui, pour qu'il dans le manuscrit.
  2. 6. Cette liste est dans la Gazette du 18 mars. Il y a deux lieutenants généraux, dix maréchaux de camp, l’un desquels est Villars, et vingt-cinq brigadiers de cavalerie, parmi lesquels figure Pracontal.
  3. 7. « Le Roi, dit la Gazette dans le m^eme numéro, a déclaré que Monseigneur le Dauphin commanderait en chef ses armées en Allemagne » Voyez aussi le numéro du 8 avril, p. 167.
  4. 8. Les Turcs étaient alors en guerre avec la Hongrie; et la Gazette raconte fréquemment à cette époque des avantages remportés par eux. Le Coprogli dont parle ici Mme de Sévigné est Mustapha, grand vizir sous Soliman III (1689), petit- fils et fils des deux Coprogli, Méhémet et Achmet, mentionnés au tome IV, p. 449> note IO- La Gazette du 15 mars (p. 141) parle des préparatifs que fait le grand vizir Kuproli pour la campagne prochaine.