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c’étoit sa folie ; il trouvoit de l’impossibilité à refuser ; je ne l’excuse pas ; mais cela fait voir au moins que les meilleures choses du monde sont mauvaises, quand elles ne sont point réglées par le jugement et ce défaut est si rare, que jamais il ne se trouvera de déroute[1] pareille, ni fondée sur un tel abus de la vraie générosité. Vous êtes bien sage, ma fille, d’être demeurée à Grignan : c’est cela qui s’appelle avoir consulté son conseil de conscience. Ceux qui ont volé Mme de la Fayette n’ont pas consulté le leur : on a pris à ma pauvre amie, encore au lit les après-dînées et languissante, cinq cents écus en louis d’or, qui étoient dans un petit cabinet où personne n’entre que ses deux filles, son valet de chambre et son laquais ; elle n’en peut soupçonner aucun ; ils ont tous été interrogés : point de nouvelles, et elle demeure au milieu de ces quatre personnes ; c’est ce qui fait son plus grand embarras ; car la perte de cet argent ne lui fera pas une grande incommodité : ses enfants, sont en état de le remplacer bien vite ; mais de se trouver servie par quelqu’un qui a pris si familièrement une telle somme, cela trouble une personne déjà accablée par tant de maux. J’ai su que M. de la Trousse ne sortoit point de sa chambre ; appelle-t-on cela être guéri ? Beaulieu célèbre l’honnêteté du marquis ; il n’a pas encore pardonné à M. de la Trousse. M. du Bois m’a envoyé son livre de la Véritable religion, et des Mœurs de l'Église catholique6

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  1. 4. Tel est le texte de la petite édition de 1754 ; la plus grande donne une déroute.
  2. 5. Les deux livres de saint Augustin, de la Véritable religion, et des Mœurs de £ Église catholique. Traduits en françois sur l’édition latine des Pères bénédictins….. par l’auteur de la traduction des Lettres, et de la nouvelle traduction des Confessions du même saint. Paris, 1690, in-8°. L’Achevé d’imprimer est du 4 janvier. Sur Philippe Goibaud, sieur du Bois, d’abord maître à danser, puis précepteur et gouverneur du duc de Guise, » reçu en 1693 à l’Aca-