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cesse autour de vous, et qui vous font penser à d’autres, je vous présente la véritable consolation et même la joie que me donne souvent l’avance d’années que j’ai sur vous : vous savez que je ne suis pas insensible à la tristesse de cet état ; mais je le suis encore moins à la pensée que les premiers vont devant, et que vraisemblablement et naturellement je garderai mon rang avec ma chère fille :je ne puis vous représenter la véritable douceur de cette confiance[1]. Que n’ai-je pas souffert aussi dans les temps où votre mauvaise santé me faisoit craindre un dérangement[2] ce temps a été rigoureux ah! n’en parlons point, ne parlons point de cela[3] ; vous vous portez bien, Dieu merci ; toutes choses ont repris leur place naturelle : Dieu cous conserve ! je pense[4] que vous entendez mon ton aussi, et que vous me connoissez.

Je viens à Monsieur le chevalier :je n’ai point de peine à croire que le climat de Provence lui soit meilleur l’hiver que celui de Paris. Tous ceux qui, comme des hirondelles, viennent chercher votre soleil[5], en sont. de bons témoins. Mais en me réjouissant de ce qu’il sent cette différence, je m’afflige qu’il ait perdu mille écus de rente et par où, et comment son régiment[6] lui valait-il cela ? Il le vendra donc au marquis ? mais l’argent qu’il en recevra, en lui payant des dettes, ne diminuera-t-il pas aussi des intérêts [7] ? Faites-moi ce calcul qui m’inquiète : je ne



»
  1. 3. « que j’ai sur vous. La pensée que les premiers vont devant, et que vraisemblablement et naturellement je garderai mon rang avec ma chère fille, est ce qui fait la véritable douceur de cette confiance. » (Édition de 1754.)
  2. 4. Voyez tome V, p. 444-447. ?
  3. 5. Ces mots ne parlons point de cela, manquent dans l’édition de 1737.
  4. 6. « Je crois. » ('Édition de 1754.)
  5. 7. « S’en vont chercher votre soleil. » (Ibidem.)
  6. 8. « Et par où? et comment? son régiment, etc. » (Ibidem.)
  7. 9. « ….lui valoit-il cela? mais l’argent qu’il a reçu de vous, en