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loutre. Je ne sais pourquoi ma mère m’avoit caché votre aventure avec M. Aliot . jamais rien ne m’a tant réjoui[1]. Cette parole, qui sort sérieusement de la bouche d’une femme qui consulte avec empressement sur la santé de son mari, se présente à moi d’une manière que je ne puis vous exprimer, et à quoi rien ne peut être comparé, que le récit plein de gravité que ma mère fit chez feu Madame de ce bal où M. de Montmouth avoit été ; jamais rien ne nous a tant réjouis[2]! Votre belle-sœur, en voulant répéter le nom de ce remède spécifique à tant de maux, l'appelle du soufre nerveux ; vous ne sauriez disconvenir que celui-là ne soit meilleur que tous les autres. Hélas[3] que je suis fâché qu’il soit entièrement hors d’usage pour M. le chevalier de Grignan ! que je le plains ! Je vous prie, ma belle petite sœur[4] de lui faire mille compliments pour moi, et d’embrasser à mon intention M. de Grignan, et la gracieuse Pauline ; ne puis-je pas en user ainsi avec elle de deux cents lieues ? Adieu, ma très-belle petite sœur[5] ma mère se porte parfaitement ; nous la gouvernerons de manière que vous n’aurez qu’à continuer et qu’à nous imiter, quand elle sera avec vous. Je fais mille et mille sincères compliments au très-sage, trés-illustre et très-heureux[6] la Garde.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

ET moi aussi, ma chère enfant, les chagrins et les in-

  1. 52. La langue avait tourné à Mme de Grignan, et un mot étrange lui était échappé. (Note de l’édition de 1818.)
  2. 53. Ce membre de phrase « jamais rien, etc., » manque dans l’édition de 1754.
  3. 54. « Ah! » (Édition de 1754.)
  4. 55. « Ma très-belle petite sœur. » (Ibidem.)
  5. 56. « Ma petite sœur, » (Ibidem.)
  6. 57. « Et très-vertueux. » (Édition de 1737.)