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content, il est favori de M. de Turenne[1] (comment vous fait ce nom ?), il est amoureux de Pauline, il demande permission au pape de l’épouser, et le prie de lui donner Avignon, qu’il veut faire rentrer dans votre maison ; elle s’appellera comtesse d’Avignon. Enfin, il dit que la vieillesse est autour de lui : il se doute de quelque chose par

Je revois le Panthéon, Le palais de Néron, L’arc du grand Constantin, Le temple de Faustine et d’Antonin, Et le mont Capitolin Je revois Mare-Aurèle, Les chevaux de Praxitèle ; Et je sens Tous les plaisirs que j’avois à vingt ans :̃ J’ai la même humeur et la même santé, Je suis en liberté ! Fortune, tu m’as fait querelle Mais tu ne m’as point maltraité.

  1. 7. Louis de la Tour, prince de Turenne :voyez tome VII, p. 402, note 43, et tome VIII, p. 440, note 20. il était banni de France depuis quatre ans, et avait accompagné à Rome son oncle le cardinal de Bouillon. « Il étoit poli, dit Coulanges, il étoit honnête et appliqué à faire plaisir ; il avoit beaucoup d’esprit, et la valeur de sa race, dont il venoit de donner des preuves en Morée, dans l’armée des Vénitiens, qui ne finissoient point sur ses louanges ; il faisoit voir dans toute sa conduite une telle attention sur lui-même pour effacer la mauvaise opinion qu’on avoit pu concevoir en France contre lui, en le croyant trop adonné aux plaisirs et aux défauts auxquels les jeunes gens peu circonspects ne s’abandonnent que trop, que tant qu’il fut à Rome, il fut toujours l’objet de notre admiration. Il reçut agréablement mes assiduités, à l’exemple du cardinal son oncle, et si je l’ose dire, il s’accommoda si bien de moi, quoique d’un âge fort différent du sien, qu’il ne m’accorda pas seulement l’honneur de son amitié, mais qu’il me mit encore de toutes ses parties de plaisir. Ainsi je fus de tous ses amusements avec l’abbé (depuis cardinal) de Polignac, pour qui il avoit beaucoup d’amitié et de considération, et qui le méritoit bien. » Voyez les Mémoires de Coulanges, p. 62, 63 et 155. -- Le nom du prince de Turenne revient plusieurs fois dans les chansons que Coulanges fit à Rome : voyez le Recueil cité dans la note précédente, tome I, p. 246, 247, etc.