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et j’en fus bien punie par être noyée[1] et un an mal à la jambe[2] . Présentement, ma belle, je dors pour la dépense, c’est-à-dire un demi-sommeil, car j’ai toujours ma maison et mon petit ménage à Paris et ne suis point à charge ici[3] : mais tout cela est si médiocre, que je trouve le moyen de laisser passer quelques sommes qui soulagent mon cœur, et font l’usage que vous dites de tontes ces belles vertus dont vous faites tant de bruit. Quand j’aurai mis l’ordre que j’espère mettre dans mes affaires de Bretagne, je ne penserai plus qu’à vous aller trouver ; je passerai par Paris, qui est le théâtre des nations, et peut-être qu’en ce temps vous penserez à y venir. Enfin nous verrons ce que la Providence ordonnera de nos desseins; il faut vivre au jour la journée jusqu’à l’automne de 90 :voilà une année qui me surprend[4] Pour le voyage de mon fils et de sa femme à Bourbon, il me paroît une vision. Voilà, ma chère enfant tout ce que je puis vous dire aujourd’hui.

Mon petit colonel m’a écrit, et à son oncle, et à sa cousine[5], pour nous donner part de son exaltation. Il n’avoit point encore reçu notre lettre de compliment : il nous avoue joliment qu’il est ravi de se trouver à la tête d’une si belle troupe, et de pouvoir dire mon régiment ; que cela est un peu jeune, mais qu’il n’a que dix-huit ans ; il nous parle de la manière dont ses dernières années ont été pressées ; je vous l’enverrois cette lettre, sans que je l’aime. Il semble que d’être la bonne d’un

  1. 11. Voyez l’apostille de Coulanges à la lettre du 1er août 1685, tome VII, p. 440.
  2. 12. « Et par une jambe malade. »(Édition de 1754.)
  3. 13. Mme de Sévigné payait une pension à son fils. Voyez la lettre de Mme de la Fayette, du 8 octobre précédent, p. 244.
  4. 14. Ce membre de phrase manque dans l’édition de 1754.
  5. 15. La jeune marquise de Sévigné. Voyez la lettre du 29 juin précédent, p. 103.