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vous entendre[1] :c’est pour badiner que je dis tout ceci[2] ;car Dieu m’a toujours fait la grâce, ma fille, de vous entendre parfaitement. Vous vous amusez à bâtir, à finir tous vos hôtels si commodes et si contraires à tous ces autres bâtiments[3] si fastueux et si mal finis ; il y a bien plus de raison à ce que vous faites.

Vous[4] me demandez ce que nous lisons : dès qu’on a le moindre monde, on ne lit plus ; mais avant les états, nous avions lu avec mon fiis des petits livres[5] d’un moment : Mahomet second[6]qui prend Constantinople sur le dernier des empereurs d’Orient ; cet événement est grand, et si singulier, si brillant, si extraordinaire, qu’on en est enlevé ;il n’y a que deux cent trente-six ans ; la

  1. 9. Depuis quelque temps le commentaire de Perrin devient moins sobre. Voici sa note à ce sujet : « Mme de Sévigné fait ici en passant la critique des lettres trop étudiées, et par conséquent peu naturelles ; et que n’auroit-elle point dit, si elle avoit prévu qu’un jour tous les différents styles fourniroient de fréquents exemples de ce même défaut, et qu’à force de vouloir mettre de l’esprit et du neuf partout, on se donneroit bien de la peine pour se rendre inintelligible ? »
  2. 10. Mais vous ne seriez pas seule à vous essuyer, si quelqu’un entreprenoit de vous entendre : c’est pour badiner, au moins, que je dis tout ceci. s (Édition de 1754.)
  3. 11. « Et si différents de ces autres bâtiments, etc. » (Ibidem.)
  4. 12. La lettre commence ici dans notre manuscrit.
  5. 13. «De petits livres. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  6. 14. l'Histoire du règne de Mahomet II, Paris, 2 volumes in-12, par Georges Guillet de Saint-Georges, né à Thiers vers l’an 1615, reçu en 1682 à l’Académie royale de peinture et de sculpture, dont il fut le premier historiographe, mort en 1705. L’Achevé d’imprimer est du 16 mai 1681. L’exemplaire de cet ouvrage qui porte le nom de Mme de Sévigné écrit de sa main, a été conservé dans sa famille, dit une note de l’édition de 1818 ; il appartient aujourd’hui à Mme la comtesse de Tourette, sœur de M. le marquis de Vence, arrière-petite-fille de Mme de Sévigné. » C’est le même Guillet qui est l'auteur de l’Histoire des grands vizirs, que nous avons attribuée à Chassepol (voyez tome IV, p. 449, note 10) sur la foi du titre et de la dédicace. Chassepol est sans doute un pseudonyme.